Passer au contenu principal

Spécial 32ème anniversaire.

Chers compatriotes,

Nous voici déjà au 32ème anniversaire de notre indépendance nationale. Il y a 32 ans, le 27 juin 1977 à minuit, à l'endroit exact où est construit l'UNFD, notre drapeau national était hissé devant une foule en liesse. Les djiboutiens étaient tous ensemble. Ils étaient un peuple uni, soulagé, heureux... car enfin libre. Des chants, des danses, des poèmes... C'était l'instant nation!

32 ans plus tard, qu'en reste-t-il de cet instant nation? Presque rien. Si ce n'est la désillusion, l'amertume, le sentiment de rejet ou de non appartenance, l'exil, le tribalisme, les génocides, la torture, la déportation, etc. Voilà où nous en sommes 32 ans après ce grand jour. Et les responsables de tout cela, sont-ils des brutes au visage pâle venues de contrées lointaines pour nous coloniser? Sommes-nous dominés par une puissance martienne?

Hélas non. Les responsables de notre malheur sont bien des nôtres. Qui sont-ils? Un ancien barbouze des RG français qui a retourné sa veste, en même temps que son défunt oncle, moins de 2 ans avant ce 27 juin historique et ses hyènes. Oui, IOG est un ancien "Chadirre" (indic) de la France. Mais il n'est pas seul. Il a avec lui son clan et d'autres complices. Oui, autour de lui, chacun de nous a un oncle, un cousin, un père, un frère, un ami... Voilà. Il s'agit bien des nôtres. Vous connaissez sûrement "la ferme des animaux" de l'anglais George Orwell. Eh bien, IOG et ses yesmen sont pour notre pays ce que les cochons étaient pour cette ferme rebelle dont les animaux s'étaient affranchis de la domination des humains.

Chers compatriotes, après 32 ans de dictature, notre pays et notre peuple n'en peuvent plus. Pour la deuxièmes fois, le pays nous interpelle parce que rien ne va plus (Nettoyage ethnique dans le Nord, Chômage des jeunes, arrestations, emprisonnements, etc.). Le pays a besoin de tous ses fils pour le libérer vraiment et définitivement du totalitarisme. Parce qu'en 1977, nous avons certes changé les couleurs mais les hommes eux, n'avaient pas vraiment changé. Hassan Gouled a remplacé Camille d'Ornano. Mais des deux, qui était le plus gaulois dans son cœur? Le basané ou le visage pâle?

En 1977, les visages des locataires de Beil-el-Wali ont changé de couleur mais le système était resté et reste encore. En 1977, on s'était fait avoir au change. Regardez la structure du pouvoir (en terme de représentation). Qu'est-ce qui a changé? Rien. Combien de temps avons nous attendu avant d'avoir une constitution? 15 ans. Pourquoi tout ce temps? Parce que Hassan Gouled, son neveu, leur clan et leurs hommes de main nous divisaient et planifiaient tranquillement chaque étape de leur ascension pendant que les 'curad' et les 'la terre à nous' issas et afars étaient occupés à s'entrebouffer pour des broutilles et que certains djiboutiens étaient eux, purement et simplement, enfermés dehors... Oubliés.

Oui! C'est bien ça. On s'était fait avoir au change. On nous a tous endormi, divisé, utilisé. Gouled et son clan ont fait cela en quatre actes:
  • Acte un: Rester au frais et attendre que le FLCS se batte, puis s'approcher de Siad Barré pour couper l'herbe sous les pieds de ces combattants tout en gardant des liens privilégiés avec la France.
  • Acte deux: À l'indépendance, les afars et les issas, in, les autres, out.
  • Acte trois: Les issas, in, les afars, sur le banc de touche et les autres, out.
  • Acte quatre: les mamassanes, in, les autres issas et les afars, sur le banc de touche et les autres, out.
Heureusement, cette logique ne peut pas s'arrêter en si bon chemin. Ça ne peut pas s'arrêter là. Ça va se poursuivre. La suite logique? Tous les mamassanes ne sont pas des bafourlabas, tous les bafourlabas ne sont pas des Guelleh, tous les Guellehs ne sont pas des bons Guelleh, tous les bons Guelleh ne sont pas MOI. MOI! SINON RIEN. C'est une suite logique et il faut éviter à tout prix que ça arrive pour éviter le KO.

De plus en plus, ceux qui se retrouvent écartés de la grande mangeoire se réveillent en sursaut. Ils rejoignent l'opposition et ils sont de plus en plus nombreux car après 32 ans de saccage, la mangeoire se vide. Ceux qui sont les plus proches de la source deviennent de plus en plus gourmands et ne laissent plus rien pour personne. Et, comme ils occupent tous les postes de responsabilité et qu'ils ne font aucun effort pour la régénérer, l'épuisement s'accélère. Il n'y a aucune production mais beaucoup de consommation! Les doigts de ceux qui raclent littéralement le fond de la mangeoire se touchent(*) dangereusement. Les frictions sont inévitables et seront de plus en plus fréquentes et persistantes. C'est une suite logique et il faut éviter à tout prix que ça arrive pour éviter le KO.

Oui, chers compatriotes, il faut éviter de tels scénarii car à la tête de la république, il y a des hyènes. Et Wallahi, Yallaka, les hyènes ça mange! Les hyènes, ça n'épargne rien. Les hyènes, ça ne produit rien. Et ces hyènes sont de plus en plus gourmandes et arrogantes. Cette petite histoire que je lisais dans la feuille de chou des warabas est révélatrice de cette situation. Elle mérite d'être rapportée.

Une commission «parlementaire» s'est rendue à la centrale de l'EDD de Boulaos pour enquêter sur les coupures de courant que connait chaque été notre capitale depuis plus de 15 ans. Et qui l'attendait? L'indéboulonnable prince Djama-tout-puissant (et non un vulgaire roturier subalterne)! Le cousin du roi Guelleh, en personne, s'est dérangé et est venu les accueillir. Quelle honneur! Et qu'est-ce qu'il leur dit? Les djiboutiens, non seulement ne paient pas leurs factures, mais ils fraudent!

"Aussi, afin de donner une grandeur d'idée sur le montant des pertes financières dues uniquement à la fraude énergétique, il (le prince Djama) a souhaité communiquer aux commissaires présents, la dernière estimation de ses services à ce sujet, cette dernière se monterait, à 2034 millions Fdj en 2007" dixit la feuille de chou, citant le prince.

Oui, vous avez bien lu: 2 milliards 34 millions de nos francs, en fraude seulement (et je suppose que ce manque à gagner n'inclue pas les impayés). C'est vraiment un comble. Comment ces "représentants du peuple" ont-ils pu écouter un tel aveu d'échec, sans broncher. Ça fait plus de quinze ans que les djiboutiens endurent ça et que la tête de cet incapable bouffon ne roule pas. Pourquoi?

Parce que c'est un Guelleh! Un incapable bouffon qui, non seulement a failli à la tâche mais qui de surcroît, ne se gêne même plus pour accuser nos compatriotes de rien de moins qu'une bande de mauvais payeurs et de voleurs! Et pourquoi ces soit-disant élus applaudissent-ils cet affront?

Pour 3 raisons bien simples:
  1. Primo, ces gens ne sont pas nos représentants. Ils ne représentent que leurs panses. Et, comme quelqu'un, quelque part, fabrique la liste des «élus» et que ce quelqu'un-là, c'est IOG ils sont donc redevables à IOG et non au peuple djiboutien. Ils doivent ménager leur patron, sa majesté IOG 1er et ses proches (l'éventuelle succession)...
  2. Secundo, ceux qui ne payent pas leurs factures, ce ne sont pas les djiboutiens des quartiers populaires mais, ces soi-disant députés eux-mêmes, les hyènes gouvernantes, les hauts fonctionnaires, les officiers de haut rang... Parce que si un petit djiboutien ne paie pas sa facture, l'EDD s'en va avec le gros câble qui alimente tout le pâté de maisons ou, carrément avec le poteau. Les petites gens ne peuvent pas se permettre le luxe de ne pas payer au prix fort, une électricité qui ne fonctionne presque jamais.
  3. Tertio, ceux qui fraudent ce ne sont pas les djiboutiens des quartiers populaires mais les enfants et les familles de ces soi-disant députés de la liste unique eux-mêmes, les enfants et les familles des ministres-warabas, les enfants et les familles des hauts dignitaires, les enfants et les familles des officiers, etc.
Notre pays et notre peuple sont donc à la merci d'un régime de warabas. Des warabas qui sont de plus en plus voraces. Des warabas qui, en plus d'être incompétents sont de plus en plus arrogants et insolents. Désormais, plus rien ne les arrête. Et comment en sommes-nous arrivés là?

Il faut remonter l'histoire un peu en amont. À la veille de notre indépendance, pendant que la plupart d'entre nous avions un seul objectif: obtenir notre souveraineté par tous les moyens, Hassan Gouled et les siens négociaient avec les français et Syad Barré pour court-circuiter le FLCS. Hassan Gouled a utilisé l'arme tribale dans tous ses états. Il a mis au point un plan diabolique de division basé sur la peur et l'ignorance des masses et, sur la cupidité de quelques complices. Il a divisé les djiboutiens en deux : les afars et les issas d'un côté, tout ce qui reste, de l'autre.

Aux afars et aux issas il racontait que les "allogènes" allaient les submerger et les annexer leurs autres pays (Somalie, Yémen, etc.) Il prétendait être celui qui les connaissait le mieux et qu'il était donc le seul qui avait le pouvoir de les mettre hors d'état de nuire... Il leur promettait qu'il s'occuperait d'abord du "péril allogène" et que, par la suite, ils se retrouveraient (entre wadani) sous "l'arbre".

Aux "allogènes" il brandissait la menace que présentaient les afars, les issas et leurs alliés français du TFAI. Il se présentait comme l'homme qui empêcherait qu'on les "jette à Loyada". Il se présentait comme un des leurs, lui qui était né à Guérissa... Hassan Gouled et les siens ont utilisé ce double langage avec tous.

À la veille de l'indépendance, quand la France a commencé à distribuer des CIF (Carte d'Identité de Français) et des actes de naissance sous les arbres aux uns (surtout les issas), d'une main, de l'autre elle donnait des CIR (Carte d'Identité de Résident, le fameux kaar dameer ou carte du bourricot dans le langage populaire) aux "allogènes". Hassan Gouled interrogé sur la question des kaar dameer, a dit texto : "haddu kani kaar dameer yahay, kan kelena waa kaar ay". En d'autres termes. si celle-ci (la CIR) est la carte du bourricot, l'autre est la carte du chien"(**).

Enfin bref. Son clan et lui ont utilisé à fond la caisse cette rhétorique basée sur la peur, l'ignorance et la division. Divide'n rule! Ainsi, pour avoir le pouvoir et le garder longtemps, Gouled et les siens ont utilisé tout le monde. Voici leur plan résumé en deux étapes:
  1. À l'intérieur du pays, Gouled s'est placé comme un moindre mal pour tous. À l'extérieur, il s'est assuré le soutien de la France et de Siad Barré qui ne faisaient pas confiance aux jeunes gauchisants du FLCS.
  2. Après s'être placé au centre du pouvoir, il a tracé autour de lui trois cercles concentriques pour se protéger. Dans le premier, il a placé ses proches et lui-même (entre autre les Guelleh). Dans le deuxième, il a mis des hommes sûrs comme Barkat Gourad (notre regretté Ahmed Dini n'a pas pu faire long feu), Omar Kamil Warsama "Agoon", Ahmed Hassan Liban "Gouhad" (tous les deux décédés) et bien d'autres qui avaient retourné leurs vestes quelques mois voire, quelques semaines avant l'indépendance. Dans le troisième, il a placé en sentinelle tout ce qui restait des afars et des issas (influents ou simples citoyens lambda). Les autres djiboutiens suivaient le match à l'extérieur des murs de l'arène (politique).
Nous connaissons la suite. Petit à petit Gouled et les siens ont effacé les autres cercles devenus inutiles une fois qu'ils ont assuré leurs arrières. En 32 ans, ils ont édifié un système où tous les djiboutiens sont ennemis entre eux, mais amis obligés avec leur régime. Quand IOG a pris le pouvoir en 1999, il n'y avait plus que lui, ses proches et ceux qu'ils paient pour nous diviser et/ou nous surveiller. Les jeux étaient faits et le combat gagné d'avance. Comment en sommes-nous arrivés là? se demandent ceux qui viennent de se réveiller, maintenant.

Et bien chers compatriotes, comme je disais plus haut, au départ, les dés étaient pipés. Ceux qui ont pris part à la table ronde de Paris (ou nombreuses réunions de préparation) et ceux ont pris part au grand geed issa de Bariisle (à Loyada) et cautionné que certains soient enfermés dehors, doivent accepter la suite logique: IOG et son cercle familial et les yesmen autour de la marmite, rien pour tous les autres. C'est une suite logique.

Oui, je persiste et je signe. Certains étaient enfermés dehors. En 1982, le BCR (Bureau Central de Recensement) a été doté d'un budget illimité (don des Nations unis) pour effectuer un recensement général de la population djiboutienne. Le résultat de ce recensement n'a jamais été publié. Demandez pourquoi à IOG, Bahdon, Guédi et consort. Après ce recensement, une campagne de distribution massive de Carte d'identité djiboutienne a été lancée pour basculer le poids démographique des ethnies à l'avantage des issas. À ce propos, notre Neima Djama Miguil nationale lançait ce vibrant appel aux issas de l'extérieur :

"Way karuurre kuwii fadhiyey,

Allah karuurre kuwii fadhiyey,
Kaarkii waa la bixinayaaye,
Soo kulaala ayaa yidhaa".

Aujourd'hui, ceux qui sont venus de Karruure et de Mille l'envoient en prison. N'est-ce pas une suite logique? Tant pis pour elle. Tant pis pour Boreh et tous ceux qui ont servi ce régime avec zèle et qui se retrouvent le cul dans la poussière...

Voilà ce qu'on entend dans certains milieux. D'un côté, nous sommes tous d'accord sur un point: notre pays est une dictature. De l'autre, au lieu de se réunir pour la foutre dehors, chacun attend. Ou pire, chacun accuse l'autre de soutenir ou d'avoir soutenu ce régime. Qui n'a jamais soutenu ce régime au moins un jour dans sa vie depuis 1977?

Nous sommes dans un spirale sans fin. Plus nous sommes en colère contre le waraba en chef, plus nous accusons d'autres de le soutenir, plus nous l'aidons et plus il devient un moindre mal. Il faut arrêter ça. On ne peut pas s'accuser mutuellement jusqu'à la fin de nos jours. On ne peut pas se surveiller mutuellement... C'est IOG qui en sort grand gagnant. Il faut arrêter de parler des autres et concentrer notre énergie sur IOG.

Mais ce n'est pas tout. Plus que jamais, nous devons nous remettre en question et dissiper certaines peurs pour ne pas répéter l'erreur d'il y a 32 ans. Nous devons nous poser des questions de fond et y répondre clairement avant de nous attaquer à IOG. Qui sommes-nous? Des djiboutiens? Que signifie ce terme pour chacun de nous? Il faut nous mettre d'accord sur sa définition!

Que voulons-nous? L'équité, l'égalité des chances, la transparence dans la gestion des affaires publiques, la justice pour tous, etc. OK. Mais sur quoi faut-il baser cette équité, cette égalité? Sur l'origine ethnique, la tribu, le clan... comme toujours ou, allons-nous adopter d'autres systèmes? Quel opposant est prêt pour un système qui n'est pas une pâle copie de celui de la dynastie à laquelle nous voulons tous mettre un terme? Il ne suffit plus de vœux pieux. Il en faut plus. IOG est le plus fort dans le système tribal. Les tribalistes (comme lui) qui l'accusaient "d'étranger" hier lui mangent dans la main, aujourd'hui. Il est fort en tribalisme, il nous faut d'autres armes qu'il n'a pas. Qui est prêt pour autre chose que le tribalisme?

À propos du tribalisme, je me suis posé une question: comment se fait-il que nos anciens ait pu l'utiliser pendant des siècles (avant la colonisation européenne)? Étaient-ils de meilleurs hommes que nous? Personnellement, je pense non (mais chacun peut penser ce qu'il veut).

En fait, leur société était tout simplement idéale parce qu'elle était transparente! La vie du citoyen était tout simplement transparente. Pas de secret ni pour les voisins, ni pour le clan, ni pour quiconque. Le nombre de personnes de la famille, la taille du troupeau ou de la ferme et toutes les richesses de chacun étaient visibles de l'extérieur, à l'œil nu. Ainsi, il était impossible pour l'individu radin ou un peu tricheur de tromper le fisc du clan. La contribution de chacun était toujours proportionnelle à ses moyens.

Aujourd'hui, presque toutes les formes de biens d'un homme peuvent être soustraites à la vue des sokeeye! Les différentes formes de monnaie (fiduciaire, scripturale ou ex-nihilo) c'est du vulgaire papier que l'on peut cacher partout ou pire encore, une vulgaire écriture portant le nom de son propriétaire, dans les livres électroniques d'une banque (située des fois dans un paradis fiscal “off-shore”). Qui peut voir ça, à part son propriétaire? Mais il n'y pas que la monnaie. Il y a aussi les bijoux, les objets d'art ainsi que les luxueuses demeures à l'étranger.

Est-ce que vous pensez que ceux qui ont détourné des milliards vont faire une déclaration volontaire de leur biens au clan? Non. On ne les verra que quand ils ont des problèmes ou à chaque élection. Et ceci est la base de beaucoup d'injustice au sein du clan qui va aboutir au schisme.

Mais ce n'est pas la seule injustice... Dans tous les clans, il y a des individus qui attentent à la vie (ou aux biens) d'autrui de façon totalement gratuite et irresponsable sachant que la punition sera dérisoire... Dans tous les clans, il y a ceux qui ne veulent pas faire beaucoup d'efforts et qui sont tout le temps au chômage parce il ne veulent pas faire “le travail du caadh-goo” et qui, non seulement ne payent pas leur contribution mais en plus sont souvent responsables de toutes sortes de tord que le clan doit tout le temps réparer, en plus d'être une charge pour les proches.

Le tribalisme est devenu injuste. Pire encore, il devient totalement irrationnel parce que dans chaque clan ou tribu, ceux qui prennent leur eau (à boire) d'un fût rouillé plein de trous, colmaté avec du goudron et plein de larves de moustique se sentent fiers d'être les cousins de ceux qui se lavent le derrière à l'eau de Pierval! C'est paradoxal et irrationnel mais c'est comme ça. Au plan social, voilà où le tribalisme nous mène.

Pourtant, la logique voudrait qu'il y ait seulement deux clans ou tribus: le clan de ceux qui essuient leur derrière aux cailloux ou au papier journal usagé et celui de ceux qui le font à l'eau de Pierval. Il faut avouer que nous en sommes très loin.

Le tribalisme avait un autre avantage: un clan = un clan. En effet, le nombre d'individus d'un clan importait peu. Un clan de quelques centaines d'individus était égal à un autre qui en comptait plusieurs dizaines de milliers. Aujourd'hui, un sous-sous-clan comme les mamassanes a plusieurs dizaines de fois le poids politique et économique des samarones réunis! Ce n'est plus la logique tribale ça. Non. C'est un composé chimique sophistiqué issus du lab souterrain du palais du «trou des italiens» et dont le secret est basé sur la formule de Chedville. Nous perdrons notre temps à chercher à comprendre.

Résultat, nous savons (tous) le tribalisme ne peut plus fonctionner et pour cause:
  1. La transparence qui était garante de la confiance entre les membres du clan et donc l'adhésion volontaires des individus au xeer de ce clan a disparu. Le politicien vole son pays. Il cache sa fortune à son clan voire à sa famille (sens nucléaire du terme). Mais, quand viennent les élections ou qu'il tombe en disgrâce, il vient implorer le soutien des siens.
  2. Le clan (ou la tribu) était à la foi un moyen d'identification et une preuve d'adresse. Aujourd'hui, nous avons la CID, le passeport, l'acte de naissance, la boîte postale, l'adresse domiciliaire, l'adresse au travail, celle du mabraze, etc. Autant de moyens pour prouver qui nous sommes et où nous vivons.
Dans les années 90, lors de son ascension vers le pouvoir, dans une apparition à l'émission en langue somalie “Maxaa kaa run ah?” de la RTD, IOG avait (cité hors contexte) une sourate du Coran où Allah dit “Nous vous avons créé puis regroupés en tribus et en clan pour que vous vous reconnaissiez...” pour justifier l'utilisation du tribalisme institutionnel et systémique. Allah parle de regrouper et non de diviser... Décidément, plus rien ne l'arrête. Pas même, le sacrilège. Il ne se gêne même pas pour associer Allah à ses combines.

En conclusion, le tribalisme (ou le clanisme) est non seulement injuste mais en plus, il entre en conflit direct avec l'état, les assurances, etc. De nos jours, on fait ses contributions à l'état qui en retour, théoriquement du moins, a la charge de protéger l'intégrité des biens et de la personne du citoyen-contribuable, le soigner s'il est malade, préparer la relève (éducation, santé)... Mais au lieu de faire son travail (qui est de se substituer au clan) IOG le maintient et l'utilise pour diviser et donc régner. Le clanisme et le tribalisme, c'est IOG qui en détient les clés. C'est son domaine. On ne le répétera pas assez.

Nous devons trouver autre chose car avec le tribalisme, lui gagne et nous perdons. Nous le savons tous. Quand Moussa Ahmed Idriss a perdu les élections de 1999 face à IOG, il avait accusé certains quartiers d'en être la cause. Moussa Ahmed a une histoire (connue et reconnue) de djiboutien droit et modéré. Il n'est pas connu pour être un tribaliste. Il a simplement dérapé et ça peut arriver à tout monde. Et si c'est arrivé à Moussa Ahmed, ça peut arriver à chacun de nous... C'est ça le tribalisme. Ça fait déraper même les plus sages. Le poison tribal sommeille en nous. En chacun de nous et il se réveille à la moindre frustration.

À cause de cette gangrène, nous ne savons plus où nous en sommes, même si nous savons tous que la 3ème réélection d'IOG n'augure rien de bon. Nous savons qu'elle rendra le pays exsangue et ingouvernable. Dans un commentaire à mon article "Qui est prêt pour remplacer IOG?", un anonyme me demande de ne pas trop m'en faire. Voici ce qu'il me dit "...Pour l’après IOG, je crois qu’il ne faut pas trop s’en faire même si je suis de ton avis et qu’il n’y a pas pour l’instant de remplaçant/opposant crédible. Qui avait pensé que l’islam allait atteindre la terre entière à la mort de l’élu de Dieu le prophète Mohamed SCWS? Beaucoup d’inquiétude ont émané la vieille. Et toi tu nous fais part de ton inquiétude concernant l'après d’un simple être humain".

Je ne sais pas si j'ai bien compris mais il me semble que ce 'quelqu'un' est en train de me dire wait and see... Je crois entendre une voix familière. Si ce n'est pas celle d'un de ces agents chargés de nous endormir, c'est sûrement celle d'un cousin. Quelque chose me dit que c'est plutôt un cousin parce que j'ai souvent entendu des choses comme ça de la part des miens. Victimes parmi les victimes, ils sont prisonniers du complexe de Stockholm. En plus d'un demi siècle de domination totale, non seulement à Djibouti mais aussi en Somalie, ils ont fini par adorer leurs bourreaux, s'identifier à eux... voire, souffrir pour eux.

Mais ils ne sont pas les seuls. Tous les djiboutiens sont résignés comme eux. Ils rivalisent d'ingéniosité pour montrer leur allégeance au régime des warabas. En plus de de la gangrène tribale, le complexe de Stockholm touche tout le monde maintenant. Nous sommes tous déboussolés, désorientés... Les laissés-pour-compte en veulent aux laissés-pour-compte. Voilà la topo!

Et l'opposition dans tout ça? Elle est à l'image de son peuple. Divisée, désorientée, infiltrée, rongée par le tribalisme, aigrie... C'est dans ce sombre tableau que se présente à nous ce 32 anniversaire de notre indépendance.

En conclusion, mes très chers compatriotes, plus que jamais, notre pays nous interpelle parce que notre IOG viole la constitution. Il sollicite un troisième mandat pour instaurer une monarchie à la syrienne. Ce troisième mandat est celui qui va clouer le cercueil du peu de choses que nous avons chèrement acquises en 1977. Notre pays nous interpelle. Il nous demande d'arrêter ça. Il nous interpelle non pas pour remplacer IOG par un autre IOG mais pour changer totalement de système. Il nous interpelle pour que chacun de nous fasse un examen de conscience et propose quelque chose de plus inclusif, de plus durable.

C'est déjà un peu tard selon moi, mais, mieux vaut tard que jamais. Bon anniversaire Djibouti.
Hinjineeeee u sara kaca,
Calankaaaad, harrad iyooo,
Haydaaar, u mudateen...

Joyeux anniversaire Djibouti!

Hassan Aden
hassan.aden@ncf.ca


(*) "farihii baa is-taabtay" : expression en langue somalie employée dans une telle situation pour exprimer le fait qu'il ne reste plus rien à prendre, l'écuelle est vide!

(**) Les djiboutiens sont musulmans sunites, ils mettent une certaine distance entre eux et le chien. Hassan Gouled était capable de finesse quand il le voulait. Il savait adapter le discours à la circonstance. N'avait-t-il pas prononcé cette formule célèbre "Allahu akbar wa fatah wa nassar" sur la dépouille de feu Idriss Farah Abaneh. Ce n'est pas très fin mais c'est loin d'être un hasard.

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Qui est quoi?

Comme je m'y attendais un peu, mon article sur les autochtones de Djibouti a provoqué une avalanche de réactions. Certaines ont été laissées en commentaires dans le blog lui-même (je vous laisse le soin d'y jeter un coup d'œil) et d'autres m'ont été envoyées directement sous forme de courrier électronique. J'ai même reçu quelques menaces (indirectes). J'ai donc jugé bon de revenir sur le sujet non pas pour changer de cap, mais pour le maintenir! Chers compatriotes, ce qui est bien dommage, c'est que la plupart des réactions proviennent de parfaits anonymes. Ce genre d'attitude me rappelle les «shadirré» , ces tristement célèbres indics qui dénonçaient les leurs aux français pendant les années de la lutte pour l'indépendance, en se cachant derrière un voile noir (shadir). Ceux qui se cachent sont des «shadirré». Rien de moins. Sinon pourquoi cachent-t-ils leurs identités? Pourquoi cachent-t-ils leurs visages et leurs noms? C'est simple.

SOOMAALI IYO XABASHI

A) HORDHAC: Qoraalkeygan waxa sobobey Prof. Cabdi Ismaaciil Samatar oo ka hadlaya waxa ugu magac daray “Gardarrada Ethiopia & Xasuuqa shacabka Soomaaliyeed” oo aan dhowaan ka daawaday shabakadda Saylicipress.net. Shirkaas oo la qabtay, sida sawirka ka muuqata, 2007dii, laakiin anigu dhowaan aan daawaday. Inkasta oo murtida hadalka C.I. Samatar (oo ah aqoonyahan weyn ah) aan u qushuucay, hase yeeshee waxaan ka soo horjeedaa in uu nin heerkaas ihi istimaalo ereyga Itoobiya! Walaaca aan ka qabo isticmaalka ereygaa (oo maanta la iska qoro amma la’iskaga dhawaaqo fiirsi la'aan) iyo cawaaqibka dambe ee uu ku yelandoono jiritaanka iyo qarannimada Soomaalida ayaa keenay inaan qayladoontan idiin soo qoro. Bal markaa, waxaan idiin soo hormarinayaa shantan su'aalood. Horta ereyga Itoobiya (Ethiopia) goormaa la sameeyay? Ayaa sammeeyay? Ujeedadee laga lahaa, walina laga leeyahay? Guud ahaan, iyo gaar ahaanba, ayay dani ugu jirtaa isticmaalkiisa? Qofka soomaaliga ah, meeshuu do

Qui est prêt pour remplacer IOG?

En lisant ici et là l'actualité sur notre pays, en provenance aussi bien du régime que de toutes les oppositions, une question m'est venu à l'esprit : « qui est prêt à remplacer IOG, aujourd'hui? ». Certains souriront. Moi, pas! Voici pourquoi. Chers compatriotes de gré ou de force, un jour, IOG va partir . Rappelez-vous : Menghistu, Syad Barreh, Arap Moi, Hassan Gouled... Ils sont tous partis. D'une manière ou d'une autre. Si M. IOG partait aujourd'hui, qui pourrait le remplacer sans heurt. Sans violence. Sans une autre guerre civile. Sans verser une goutte de sang. Cette question m'a beaucoup cuisiné, tellement la réponse est loin d'être évidente, pour moi en tout cas. Qui est assez rassembleur tout étant crédible? Qui a un passé sans taches? Qui est compétent et honnête, à la fois?.. Qui mérite d'être notre prochain président? Dans notre région troublée, des hommes comme Syad Barreh et Menghistu ont quitté le pouvoir par la porte de servi