Le 18 décembre 2011, malgré le froid ottavien (-15 malgré le soleil) une centaine de personnes dont des femmes et des enfants se sont retrouvées devant la flamme du centenaire de la Colline du Parlement du Canada pour commémorer le 19ème anniversaire du massacre de civils, dans le quartier d’Arhiba, à Djibouti.
À titre de rappel, le 18 décembre 1991, les forces armées et la police ont tiré sans sommation sur les habitants de ce quartier. La plus grande tuerie de l'histoire de Djibouti était perpétrée par le gouvernement de Hassan Gouled.
Ce massacre sans précédant a été perpétré non pas dans un coin reculé du pays, mais, en pleine capitale, au vu et au su de tous. Ce massacre sans précédant a été perpétré non pas par les forces d'occupation de quelque puissance coloniale ou étrangère mais par ceux-là mêmes qui étaient supposés mener leur population vers le progrès et le développement économique, une fois la souveraineté acquise.
Le bilan de cette tuerie relevait du jamais vu: plus de 59 tués, des disparus et plus de 300 blessés à différentes échelles. Après avoir acquis leur indépendance au prix de beaucoup de sacrifices, les djiboutiens auront continué de verser du sang. Hélas.
Ben voyons donc, me direz-vous, pourquoi ces massacres de civils sans défense? Pour répondre à cette question, prenons un exemple: celui d’Arhiba du 18 décembre 1991. Une rébellion armée appelée FRUD (Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie) avait, en quelques mois, mis en déroute l'armée et occupé près de 80% du territoire national. Ce front était composé de combattants issus majoritairement de l'ethnie afare du pays. En guise de représailles et dans sa tentative désespérée de reprendre du poil de la bête, le régime au pouvoir n'avait trouvé rien de mieux que de massacrer des civils sans défense dans le quartier d'Arhiba, quartier habité majoritairement par des afars!
En commettant ce crime odieux, les régents de Beil-El-Wali (le palais des gouverneurs français devenu la Présidence de la République) faisaient d'une pierre, trois coups:
Bien sûr, si après tant de morts le pays allait, ne serait-ce qu’un tout petit peu mieux, la perte de tant de vies innocentes ne serait pas inutile et pourrait être pardonnée. Bien sûr que la rancune ne nous élève pas et que, un moment ou un autre, il faudra pardonner tout ça et avancer ensemble. Bien sûr que si les choses vont mieux un jour et que toutes les victimes du régime sanguinaire obtiennent le statut de martyrs, tout cela doit être pardonné. Oui pour le pardon, non à l'oubli. Oui pour le pardon, non à l'impunité. Oui pour le pardon, non au mépris.
Mais... Qui a dit que le pays va mieux qu’en décembre 1991? Soyons honnêtes et ouvrons les yeux:
en 1991, tout un chacun avait un travail, avait un salaire à la fin du mois. Qu’en est-il aujourd’hui?
Depuis 1977, qu’est-ce qui a changé en mal? Presque tout!
Depuis 1977, qu'est-ce qui a changé de mal, en pis? Beaucoup.
Le bilan des Gouled/Guellh crève les yeux et reste sans appel: il est très en deçà du seuil critique dans tous les domaines: santé, éducation, économie, etc. Le bilan du régime en place depuis 1977 est dans la zone négative du tableau et continue de descendre. Et au lieu de déposer le bilan et de donner la chance à d’autres le soins de tenter de redresser la barre, le régime baigne dans le sang toute initiative. Au lieu de laisser la clé sous le paillasson et de partir ailleurs pour se la couler douce et, laisser à d’autres le soins de tenter de redresser la situation, ISMAEL OMAR GUELLEH change la constitution pour rester au pouvoir indéfiniment!
Mêmes causes, mêmes effets. Le fait de dénoncer les agissements erratiques et surtout criminels du régime n’est pas synonyme de “pleurer sur les morts” ou de “se faire du capital politique sur le dos des victimes”. Tant que les causes demeurent, le devoir de souvenir et le devoir de dénonciation sont des devoirs citoyens. Le meurtre de civiles sans défense est une chose grave et le 18 décembre 1991 est la date du plus grand massacre de civils djiboutiens par leur propre gouvernement… C'est un triste anniversaire qu'il faut continuer de commémorer tant et aussi longtemps que les causes demeurent. Tant et aussi longtemps que les responsables, loin d'être punis, continuent de tuer des civils dans le nord, dans les quartiers populaires de la capitale, en terre Assajog, etc.
En commémorant ce triste anniversaire, il s'agit de rappeler à toutes et tous et au monde que près de 20 ans après, les causes sont toujours là. Tous les jours, des civils sont torturés ou tués et les arrestations arbitraires ne se comptent plus. La situation de non droit et le couvre-feu prévalent presque partout au pays. Il faut donc continuer de célébrer le 18 décembre.
En outre, c'est maintenant officiel: Ismael Omar Guelleh est le candidat de son parti aux prochaines élections présidentielles. Depuis, l'état de siège a été renforcé dans ce pays ou plus rien de fonctionne... La rue gronde et le feu couve. L’explosion est imminente. Le fait de crier cela sur tous les toits est un devoir citoyen, pas une récupération.
Je saisis l’anniversaire de cette tuerie et l'occasion de ce nouvel an 2011 pour rappeler que l'histoire risque de se répéter à tout moment avec beaucoup plus de violence, cette fois. J'ajoute ma voix de citoyen à celles de beaucoup d'autres djiboutiennes et djiboutiens, pour dénoncer:
En conclusion, le souvenir des pages sombres de notre histoire doit être pour nous une occasion de nous serrer les coudes tous ensemble pour nous attaquer aux causes de tous nos maux. En avril 2011, nous devons exiger le changement à la tête du pays. Nous devons montrer la porte à ISMAEL OMAR GUELLEH et son parti le RPP. L'alternative? Je crois qu'il faut regarder en direction de l'UAD. Les derniers meetings tenus à l'intérieur du pays méritent notre soutien.
Bonne année 2011.
Hassan A. Aden
hassan.aden@ncf.ca
À titre de rappel, le 18 décembre 1991, les forces armées et la police ont tiré sans sommation sur les habitants de ce quartier. La plus grande tuerie de l'histoire de Djibouti était perpétrée par le gouvernement de Hassan Gouled.
Ce massacre sans précédant a été perpétré non pas dans un coin reculé du pays, mais, en pleine capitale, au vu et au su de tous. Ce massacre sans précédant a été perpétré non pas par les forces d'occupation de quelque puissance coloniale ou étrangère mais par ceux-là mêmes qui étaient supposés mener leur population vers le progrès et le développement économique, une fois la souveraineté acquise.
Le bilan de cette tuerie relevait du jamais vu: plus de 59 tués, des disparus et plus de 300 blessés à différentes échelles. Après avoir acquis leur indépendance au prix de beaucoup de sacrifices, les djiboutiens auront continué de verser du sang. Hélas.
Cette opération sans précédant a été commanditée par un ex-agent des Renseignements Généraux français devenu chef de la police politique du régime de son oncle Hassan Gouled. Vous l'aurez deviné, il s’agit de ISMAEL OMAR GUELLEH. Loin d’être traduit en justice et de croupir en prison pour le restant de sa vie, ce dernier a pris la place de son oncle Gouled à la tête du pays, en 1999. Loin de payer ce crime et tous les autres commis sur des civils sans défense depuis 1977, ce dernier est monté en grade... Après avoir fait couler tant de sang, ISMAEL OMAR GUELLEH est devenu président de la république!
Ben voyons donc, me direz-vous, pourquoi ces massacres de civils sans défense? Pour répondre à cette question, prenons un exemple: celui d’Arhiba du 18 décembre 1991. Une rébellion armée appelée FRUD (Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie) avait, en quelques mois, mis en déroute l'armée et occupé près de 80% du territoire national. Ce front était composé de combattants issus majoritairement de l'ethnie afare du pays. En guise de représailles et dans sa tentative désespérée de reprendre du poil de la bête, le régime au pouvoir n'avait trouvé rien de mieux que de massacrer des civils sans défense dans le quartier d'Arhiba, quartier habité majoritairement par des afars!
En commettant ce crime odieux, les régents de Beil-El-Wali (le palais des gouverneurs français devenu la Présidence de la République) faisaient d'une pierre, trois coups:
- Ils donnaient un signal clair : «si vos rebelles touchent à nos soldats, vous savez ce qui vous attend!»,
- Ils tribalisaient le conflit dressant les somalis contre les afars,
- Ils arrêtaient net tous les jeunes (non afars) qui caressaient l'idée de rejoindre cette rébellion. En effet, ces derniers ont dû réviser leurs plans une fois que le conflit avait pris une tournure tribale. Certains ont même rejoint les rangs des forces de la “mobilisation”, aux côtés des forces gouvernementales.
Bien sûr, si après tant de morts le pays allait, ne serait-ce qu’un tout petit peu mieux, la perte de tant de vies innocentes ne serait pas inutile et pourrait être pardonnée. Bien sûr que la rancune ne nous élève pas et que, un moment ou un autre, il faudra pardonner tout ça et avancer ensemble. Bien sûr que si les choses vont mieux un jour et que toutes les victimes du régime sanguinaire obtiennent le statut de martyrs, tout cela doit être pardonné. Oui pour le pardon, non à l'oubli. Oui pour le pardon, non à l'impunité. Oui pour le pardon, non au mépris.
Mais... Qui a dit que le pays va mieux qu’en décembre 1991? Soyons honnêtes et ouvrons les yeux:
en 1991, tout un chacun avait un travail, avait un salaire à la fin du mois. Qu’en est-il aujourd’hui?
- En 1991, l’électricité et l’eau courante étaient disponibles pour les foyers qui pouvaient se les offrir. Qu’en est-il aujourd’hui?
- En 1991, les soins de base et l’hospitalisation étaient garantis à presque tous les djiboutiens, riches ou pauvres. Qu’en est-il aujourd’hui?
- En 1991, la SMIG (salaire minimum garanti) était d’environ 17.500 DJF. De combien est-il aujourd’hui?
- Quid pour le prix des denrées de base? Quid pour le transport en commun? On pourrait continuer encore et toujours, mais passons.
Depuis 1977, qu’est-ce qui a changé en mal? Presque tout!
Depuis 1977, qu'est-ce qui a changé de mal, en pis? Beaucoup.
Le bilan des Gouled/Guellh crève les yeux et reste sans appel: il est très en deçà du seuil critique dans tous les domaines: santé, éducation, économie, etc. Le bilan du régime en place depuis 1977 est dans la zone négative du tableau et continue de descendre. Et au lieu de déposer le bilan et de donner la chance à d’autres le soins de tenter de redresser la barre, le régime baigne dans le sang toute initiative. Au lieu de laisser la clé sous le paillasson et de partir ailleurs pour se la couler douce et, laisser à d’autres le soins de tenter de redresser la situation, ISMAEL OMAR GUELLEH change la constitution pour rester au pouvoir indéfiniment!
Mêmes causes, mêmes effets. Le fait de dénoncer les agissements erratiques et surtout criminels du régime n’est pas synonyme de “pleurer sur les morts” ou de “se faire du capital politique sur le dos des victimes”. Tant que les causes demeurent, le devoir de souvenir et le devoir de dénonciation sont des devoirs citoyens. Le meurtre de civiles sans défense est une chose grave et le 18 décembre 1991 est la date du plus grand massacre de civils djiboutiens par leur propre gouvernement… C'est un triste anniversaire qu'il faut continuer de commémorer tant et aussi longtemps que les causes demeurent. Tant et aussi longtemps que les responsables, loin d'être punis, continuent de tuer des civils dans le nord, dans les quartiers populaires de la capitale, en terre Assajog, etc.
En commémorant ce triste anniversaire, il s'agit de rappeler à toutes et tous et au monde que près de 20 ans après, les causes sont toujours là. Tous les jours, des civils sont torturés ou tués et les arrestations arbitraires ne se comptent plus. La situation de non droit et le couvre-feu prévalent presque partout au pays. Il faut donc continuer de célébrer le 18 décembre.
En outre, c'est maintenant officiel: Ismael Omar Guelleh est le candidat de son parti aux prochaines élections présidentielles. Depuis, l'état de siège a été renforcé dans ce pays ou plus rien de fonctionne... La rue gronde et le feu couve. L’explosion est imminente. Le fait de crier cela sur tous les toits est un devoir citoyen, pas une récupération.
Je saisis l’anniversaire de cette tuerie et l'occasion de ce nouvel an 2011 pour rappeler que l'histoire risque de se répéter à tout moment avec beaucoup plus de violence, cette fois. J'ajoute ma voix de citoyen à celles de beaucoup d'autres djiboutiennes et djiboutiens, pour dénoncer:
- la situation de loi martiale qui prévaut dans le Nord, dans le Sud-ouest, dans la région d’Ali-Sabieh et dans la plupart des quartiers populaires de la capitale,
- les arrestations de militants ou même de simples sympathisants de l’opposition,
- l’élimination sélective de certains hommes en uniforme,
- les incendies de toutes nos archives,
- la découverte de charniers à Balbala.
En conclusion, le souvenir des pages sombres de notre histoire doit être pour nous une occasion de nous serrer les coudes tous ensemble pour nous attaquer aux causes de tous nos maux. En avril 2011, nous devons exiger le changement à la tête du pays. Nous devons montrer la porte à ISMAEL OMAR GUELLEH et son parti le RPP. L'alternative? Je crois qu'il faut regarder en direction de l'UAD. Les derniers meetings tenus à l'intérieur du pays méritent notre soutien.
Bonne année 2011.
Hassan A. Aden
hassan.aden@ncf.ca
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