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Charité bien ordonnée...

L’Afrique en général et l’Afrique de l’est en particulier nous ont habitué à son lot de misères, de guerres et d’images à briser le cœur à un niveau et une fréquence tels que ceux qui se sont attribués le label de «communauté internationale» et les intéressés eux-mêmes (nous!) en sont saturés, immunisés…
Notre misère atteint des sommets inégalés et, continue de monter.

Sécheresse, inondations, crues, tornades, etc. Quand les catastrophes ou mêmes les simples phénomènes naturels frappent, du côté des régents, on crie «à l’aide» aux chancelleries et ONG étrangères de la place. Du côté des oulémas, c’est «c’est Allah qui nous punit, il faut prier plus». Du côté de l’opposition, c’est «c’est la faute du gouvernement». Du côté des intellectuels c’est souvent silence radio. Dans certains cas, on se prend en photos (igu ag sawir)… si vous voyez ce que je veux dire.
La construction ou le remplacement des infrastructures, même de base? Demandez aux autres!
Le salaire des fonctionnaires? Demandez aux autres!

L’entretien de routine et la réhabilitation de tout ce qui est publique? Demandez aux autres!
Nos régents se font même «élire»s à l’aide de l’aide étrangère (sic) en se faisant subventionner et superviser par des intérêts étrangers.
En résumé, ce sont les étrangers, et en particulier ceux qu’on accuse de «gaalo» qui doivent tout nous fournir. De toute apparence, notre solidarité, notre résilience, notre endurance et notre combativité légendaires se sont erronées après près d’un demi-siècle de dépendance totale. Ne me dites surtout pas que nous sommes indépendants. SVP. Nous sommes devenus des parasites, des incapables, des irresponsables, des mendiants.

Ces derniers mois, des criquets pèlerins font des ravages en Afrique de l’Est. Leur nombre et la durée de leur présence restent, de mémoire d’homme, sans précédent. Mais… on «travaille» très fort pour mettre en place des mesures (qui viennent d’ailleurs) pour combattre Covid19 rebaptisé localement Koofiid-Tis-Neef ou Koroona-Fayras... Des mesures aussi inadaptées qu’inefficaces sont mises en branle partout, autour de nous.

J’ai déjà montré en images l’ampleur du désastre causé par les nuages de criquets.
Ces quelques photos que vous avez vu viennent d’une petite ferme située à 50 km au Nord de Hargeysa.
Il y a quelques jours, un habitant de cette région que je connais bien me les a envoyées via Facebook. Comme si de rien n’était, il m’avait envoyé ces photos et bien d’autres (sur bien d’autres sujets). Parmi les autres images qu’il m’avait envoyées, une affiche (qu’il avait repartagée) d’une femme syrienne victime de je ne sais trop quoi. Et, il me demandait de réagir (en soutien à cette femme) et non à la calamité qui s’abattait sur lui. En voyant cela, je suis tombé des nues. Suis-je insensible aux problèmes d’autrui? Pantoute*!

Ce qui me révolte ici, c’est ce que cet homme est arrivé à un point où un problème d’envergure inégalée qui touche directement à sa propre subsistance, est partagé ou (re)partagé, au même titre et sur le même ton qu’un vulgaire post d’hameçonnage** (Phishing scam) trouvé dans Facebook. Une affiche aussi anonyme que cette affiche sur la Syrie est quelque chose d’aussi (et peut être plus) important que sa propre subsistance. Pour moi, c’est tout simplement renversant. 

Et le cas de cet homme illustre bien un problème que nous connaissons bien, toutes et tous : (re)partager n’importe quoi pour ne pas avoir le temps de regarder notre réalité en face et ne jamais avoir à assumer nos responsabilités. Comme ça on aura toujours le beau rôle : toujours blâmer les autres pour tout.
On peut (re)partager des posts qui traitent des sujets sensibles (racismes, religion, politique, etc.) ce n’est pas un problème, bien sûr. Au contraire, c’est un engagement citoyen. Encore faut-il que l’auteur du contenu que l’on partage soit clairement identifié et que l’on ait des connaissances minimales sur le sujet abordé avant de le partager. Hélas, ce n’est souvent pas le cas. 

On partage des choses qui au mieux nous détournent de nos problèmes et responsabilités personnelles et sociale et, au pire, peuvent mettre en péril nos appareils informatiques et nos données. Il faut se dire que mêmes les cartes  de vœux anodines et gratuites que nous partageons sans se poser des questions ne sont pas innocentes.

En résumé, les réseaux sociaux et les nouveaux médias nous détournent de nos problèmes et responsabilités. Nous sommes reprogrammés et mis complètement hors-jeu. Nous ne sommes plus nous! Il est temps de se ressaisir.

Les conséquences de la sécheresse, des innovations, des crues, des tornades, le pillage des ressources naturelles, la dilapidation des deniers publiques, l’éducation des enfants, la santé publique… qui va s’en occuper? L’assainissement et la voirie de nos villes et villages, l’entretien de nos infrastructures… qui  va s’en occuper?

Sortez vos têtes de Facebook et autre app du genre. S’il vous plaît. Regardez la réalité en face.
Charité bien ordonnée commence par soi-même.

Hassan A. Aden

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*Pantoute : veut dire «pas du tout» en français québecois
**Hameçonnage: lien pour en savoir plus cliquer ici

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