
Cela dit, que retenons-nous de Feu Gabayo?
Ses choix politiques? Souvent avisés et pragmatiques. Des fois, très discutables et mal inspirés (RPP,GRD, PSD/UMP). C'était un homme politique et un homme tout court avec des hauts et des bas. Nul n'est à l'abri de la tentation et de l'opportunisme qui peuvent mettre “kabboo!” une majorité d'humain. Nul n'est à l'abri du chantage de Guelleh et consort. En un mot, même si le moment est mal choisi, à cause du deuil, son bilan politique est globalement discutable.
Mais aujourd'hui, Gabayoo est parti. Inna Lilaah wa inaa Ilaahi rajicuun.
Sa djiboutianité? 150% ou peut-être plus. De feu Gabayo, nous allons retenir l'image d'un homme du peuple (qui était loin d'être un populiste) Un djiboutien que les barrières claniques ou ethniques n'arrêtaient pas. Sa nombreuse famille ne comprend pas que des Fourlaba Reer-Nour. Depuis toujours, autour de sa voiture, il y a toujours eu beaucoup de jeunes djiboutiens (qui ne partageant souvent aucune relation clanique avec le défunt: voisins, copains ou copines de ses enfants, etc). Des jeunes qui attendaient, demandes d'emploi sous le bras. Dès que “Le Vieux” en débarrait les portières, ces jeunes s'engouffrait dans le véhicule. Vous devez imaginer pourquoi: ils attendaient son intervention auprès des différents ministères et organismes de la capitale. Des fois, certains montaient dans le véhicule tout simplement pour aller au Centre-Ville et ainsi épargner les “30FDJ du bus”.
Cela arrivait même quand il était ministre! Beaucoup de jeunes des Q7, Q5, Ambouli, etc. ont pu décrocher un premier emploi grâce à l'intervention de Gabayo. Le défunt a toujours fait de son mieux pour aider ceux et celles qui arrivaient à lui.
Mais Gabayoo c'est plus que ça. Que retenons-nous de plus? Sa jovialité! Ce bon vivant était un magicien du verbe. Ses “afaray” (quatrain) ont souvent déstabilisé ceux qui se sont frotés à lui. Gabayoo = poète en langue somalie. Gabayo était peut être un poète (médiocre) mais il était surtout un magicien du verbe! Il avait le sens de la formule. Il avait le sens de la métaphore. Qui se souvient de l'histoire intitulée “l'oeuf, le pastèque et la canne à sucre” qu'il a raconté lors d'un procès sous haute surveillance au Palais de Justice de Djibouti? Qui se souvient de “Kabboo baan kaga dhigaynaa...”? Il faut rendre à César ce qui appartient à César: ces expression devenues populaires à Djibouti dans les années 90, sont de lui.
Résumer la vie de défunt comme un traitre sans état d'âme à la solde d'IOG réleve de la petitesse politique. Va Gabayoo. Nous prions Le Tout-Puissant de t'accueillir dans son Paradis et de donner à tes proches, force et reconfort pour surmonter l'épreuve. Inna Lilaah wa inaa Ilaahi rajicuun.
Hassan A. Aden
hassan.aden@nfc.ca
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