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Silence! On tue.

Le courrier du lecteur suivant (*) m'a été adressé personnellement par une lectrice que j'ai connue à l'école du Quartier 5, quand j'y étais directeur. Elle m'a donné la permission de publier son cri du coeur pour que les crimes de Guelleh, le commanditaire du meurtre de son père, ne soient pas oubliés jusqu'à son passage devant une cour pénale.

Il est vrai que le père de cette lectrice, (AHUN) Mohamed Hassan alias "diable", était un ancien officier des douanes djiboutiennes qui a été assassiné en 1992, dans la région d'Ali-Sabieh, par une milice aux ordres et à la solde d'un certain Ismaël Omar Guelleh, chef de la police politique de l'époque, de son oncle-président, de l'époque (Hassan Gouled).

Il est vrai que cette milice clanique qui opérait (et opère toujours) à la frontière entre Djibouti, l'Éthiopie et le Somaliland a été créée par le clan ("Klan") Guelleh/Gouled pour profiter du Chaos causé par la guerre civile qui faisait rage dans le nord de la Somalie de Siad Barré, d'alors.

Il est vrai que cette milice Klanique dont l'objectif premier était d'étendre la zone d'influence du "Klan" au delà des frontières djiboutiennes, possédait plusieurs bases (ou zones de repli quand elle essuyait des revers) dans le territoire djiboutien.

Il est vrai que la seule autorité reconnue par ces bandes de hors-la-loi, était celle de Ismaël Omar Guelleh et de son oncle-président, de l'époque.

Il est aussi vrai que même si cette milice était financée à même la fameuse "caisse noire" de la présidence, il n'en demeure pas moins qu'elle vivait aussi de contrebande et de toutes sortes de rapines et de trafics illicites. Gare à ceux qui avaient le malheur de se retrouver sur son chemin! Mais ce n'est pas tout. En outre, cette milice klanique bénéficiait de l'aide internationale aux réfugiés, puisque tous les membres étaient enregistrés aux camps d'Ali-Adeh et d'Aour-Aoussa (région d'Ali-Sabieh).

Il est vrai, je me rappelle, qu'en sa qualité de douanier, Mohamed Hassan a essayé de se mettre en travers du chemin de ces brigands et de mettre un terme à leur trafic illicite, conformément aux lois du pays. Il est vrai hélas, que cela lui coûté la vie!

Ailleurs dans le monde, le meurtre d'un commis de l'état dans l'exercice de ses fonctions est passible des peines les plus sévères. Ailleurs dans le monde, les commis de l'état qui tombent dans l'exercice de leur fonction et/ou leurs ayant-droit sont dédommagés et décorés des plus hautes distinctions honorifiques. Surtout, quand lesdits commis sont agents des forces de l'ordre ou officiers des douanes (à Djibouti, les douaniers ne sont pas armés).

Aujourd'hui, Ismaël Omar Guelleh, l'homme derrière ce meurtre, a pris du galon. Il est président de la république (ou plutôt a succédé à son oncle à la tête du pays) et les ayant-droit de Mohamed Hassan, ce fonctionnaire tombé dans le "champs d'honneur" (ou plutôt dans une embuscade des miliciens du régime), attendent toujours justice.

Ismaël Omar Guelleh, en sa qualité de nouveau parrain du Klan, continue de perpétrer les rares choses qu'il sait bien faire: meurtre, génocide, trafic de toutes sortes, détournement de fonds publics et de l'aide internationale, etc.. Il continue de perpétuer ses basses oeuvres sur tous les djiboutiens, en dehors de son petit cercle Klanique et de ses obligés:

  • assassiner les civils sans défense et les plus honnêtes des serviteurs de l'état (même les officiers supérieurs et généraux des forces de l'ordre et de l'armée),
  • déporter, torturer, détenir sans procès ni charges, opposants, juges, enseignants, journalistes, défenseurs des droits de la personne, etc.

Même Abdi Robleh dit Qarchileh, célèbre auteur-compositeur-interprête et père de notre hymne national, un homme aujourd'hui amoindri par l'âge, les aléas de la vie et, 30 ans de silence volontaire, croupit dans les geôles du régime. Tout un symbole!

Chaque jour a son lot de victimes. Tous les djiboutiennes et les djiboutiens sans distinction de race, de religion, d'origine ethnique ou clanique ni même de classe sociale, y passent. En plus de saigner à blanc les finances publiques de notre pays, Guelleh est en train de le vider de sa population. Le nord, le sud, les quartiers de la capitale, etc. Rien, ni personne, n'est épargé. Cher lectrice et amie, les samarones ne sont pas les seules victimes du "Klan".

Repose en paix Mohamed Hassan, tenez bon, Qarchileh et les autres, un puissant khamsin soufflera bientôt, à Djibouti, qui viendra balayer la source de tous nos maux.

Hassan Aden
Hassan.aden@ncf.ca.

(*) Voici Le cri du cœur de la lectrice :

"Cher Hassan,

Nous sommes les personnes qui souffrent en silence a cause d un assassinat de notre cher pere le 4 avril 1992, mohamed hassan dit diable agent des contributions indirectes a Ali sabieh, que ce tuerie n a jamais ete elucide, parce ce cher pere etait un samaron et son prix de sang n etait jamais ete honore par le gouvernement djiboutien et les assassins etaient des refugies de meme tribu que le ancien president et ainsi de l'actuel qui voulais leur part de gateau des recettes douanieres mais ausse c etait une milice il avait surement de trafic d'armes ., Mais hassan dilleita etait blesse le jour du deces de mon pere, pour racheter son silence il a gravi tous les echelons. Nous etions ces Djiboutiens qui etaient sans voix. Auourdhui nous sensibilisons a travers les medias pour demander justice".

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