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FAD / La médiatisation du support part. 2




Voici maintenant la seconde partie de mon article sur la Formation à distance (FAD) et la médiatisation du support à l'apprentissage: défis, perspectives et exemples de solutions pratiques (2ère partie). 

Cette seconde partie comporte deux sections à savoir le conditionnement réciproque entre formation (en présentiel ou à distance) et technolgies ainsi que les considérations théoriques du domaine.

Formation à distance (FAD) / La médiatisation du support:

défis, perspectives et exemples de solutions pratiques (2ème partie)


Technologie et Formation: un conditionnement réciproque 

Dans l'histoire de l'humanité, l'évolution de la pédagogie a toujours entretenu une relation dialectique avec l'évolution de la technologie laquelle conditionne d'ailleurs l'histoire de l'humanité toute entière et cela, dans tous les aspects de la vie. En effet, l'humanité est sortie de la préhistoire grâce, entre autres exemples, à l'invention de l'écriture qui a permis à l'humain de communiquer à distance et, à la roue qui a permis de déplacer des charges autrement impossibles à mouvoir!

Le second bond en avant de  notre histoire a commencé avec l'invention de la presse de Gutenberg (1) et de l'imprimerie. Cette invention a commencé la démocratisation du livre qui est passé du manuscrit unique en son genre, à un produit que l'on peut dupliquer à volonté. En pédagogie, l’émergence du mouvement des humanistes est né (quasiment) avec le livre imprimé.  la Renaissance aussi.

La révolution industrielle qui a suivi, pour sa part, a donné naissance à l'école de masse pour (presque) tous. Dans les nouvelles sociétés industrielles et de plus en plus urbanisées, c'était les parents au travail (usine, bureau, commerce, etc.) et les enfants à l'école! En pédagogie C'est l'époque héroïque des méthodes traditionnelles (2) et du maître d'école tout puissant qui pérorait du haut de son estrade devant ses élèves.

Puis vint la révolution des moyens de communication à distance. On pouvait transmettre le son, l'image et le texte à distance. En pédagogie, ces nouvelles possibilités ont été mises à profit dans différentes approches ou méthodes basées sur des théories behavioristes. Les méthodes audio-orale, les méthodes audio-actives et bien d'autres courants pédagogiques sont nés avec la révolution de la communication. Peu importe les approches, méthodes ou théories utilisées, en parlant d'école, jusqu'ici, il s'agissait bien sûr de l'école traditionnelle ou en face-à-face dont la mission était «d'assurer la relève». Vers les années 50 déjà, grâce à ces progrès technologiques voyait le jour, la FAD. À ses début, une FAD copie-conforme de la classe traditionnelle: l'audio-visuel remplaçait l'enseignant. On parlait de télé-enseignement. Beaucoup de concepteur de programme de FAD en sont restés là.

Chaque révolution technologique générait une révolution pédagogique. Il est donc normal que la révolution des NTIC rende possible de nouvelles façons de faire pédagogiques. Aujourd'hui, il n'est plus possible de se contenter d'ignorer le potentiel des ces nouvelles technologies. Il serait suicidaire de se priver de ces formidables auxiliaires de formation que peuvent devenir les NTIC utilisés à bon escient. Surtout dans le domaine de la FAD. Mais avant de tenter de proposer des solutions pratico-pratique, essayons de nous pencher sur ce qu'en pensent les spécialistes...


Qu'en pensent les théoriciens en la matière? 

En résumé, comme il fallait s'y attendre un peu, il y a deux camps qui s'affrontent:
  • Les pro-intégration des NTIC
  • Les anti-intégration des NTIC

a) Quels sont les arguments des anti-intégration des NTIC? 

Parmi les plus célèbres récalcitrants de l'utilisation des technologies dans l'apprentissage on peut nommer sans doute  Richard E. Clark du Centre des Technologies Cognitive de l'Université de Caroline du Sud qui a dit ce qui suit en 1984: “ "[...] media are mere vehicles that deliver instruction but do not influence student achievement any more than the truck that delivers our groceries causes changes in our nutrition"” (Clark 83: 445). Que l'on pourrait traduire en ces termes (aide de Google translate) «médias ne sont que des véhicules qui offrent des cours mais n'influencent pas le rendement des élèves, pas plus que le camion qui nous livre nos produits alimentaires ne provoque de changements dans notre alimentation».

En paraphrasant cet auteur, on pourrait aussi bien prétendre que les livres ne sont que des véhicules qui offrent des cours mais n'influencent pas le rendement des élèves, pas plus que le camion qui nous livre ces livres ne provoque de changements dans notre apprentissage!

Mais ce n'est pas tout. Un autre point en défaveur de cet auteur est la question de savoir ce qu'il entend par le vocable média (3) qui ne veut presque rien dire tellement il couvre de concepts. Je n'ai pas lu l'intégralité de son œuvre pour lui répondre comme il se doit mais un point demeure: ce penseur a tenu de tels propos entre 1984 et 1992. Une chose, au moins, est claire: les NTIC de cette époque n'ont rien avoir avec celles de nos jours (2013).


b) Quels sont les arguments des pro-intégration des NTIC? 

Déjà à l'époque, d'autres auteurs comme Robert. B. Kozma (4) et G. Solomon (5) répondaient à Clark  dans un débat sur l'influence des média sur l'apprentissage (The media debate (6)). Pour Kozma «If we move from" Do media influence learning?" to "In what ways can we use the capabilities of media to influence learning for particular students, tasks, and situations?" we will both advance the development of our field and contribute to the improvement of teaching and learning. » (Kozma, 1994)

Pour Kozma, la question n'est pas de savoir si les médias ont ou non une influence sur l'apprentissage mais de savoir dans quelle mesure on peut mettre à profit le potentiel des médias pour aider l'apprentissage dans des situations et des tâches particulières ou spécifiques  ou pour soutenir des apprenants ayant des besoins spécifiques. Vous comprendrez au passage que je n'ai pas tenté de traduire les propos de Kozma mais qu'il s'agit plutôt de mon interprétation de sa déclaration (que l'on pourrait discuter). Je l'accepte!

Il semble que l'intégration de ces technologies dans la formation n'est plus un choix. C'est une obligation.  «Les éducateurs, qu'ils travaillent à distance ou non, sont confrontés à l'inévitable défi de l'application des technologies de communications et d'information à des fins d'apprentissage» de dire A-J Deschènes et L. Bourdage (1996) dans leur Support à l'apprentissage, Module 7: La médiatisation avant de poursuivre «La médiatisation des contenus, de la communication pédagogique et du support à l'apprenant est une nécessité que nous impose les développements de la société d'information».


c) Et nous dans ce débat?
Quels sont nos arguments en faveur de l'intégration des NTIC?  


Tous ces auteurs (aussi bien les pro-intégration que les anti-intégration des technologies) parlent en ces termes en 1996 (ou avant), soit une période que l'on pourrait qualifier, sans trop risquer de se tromper,  de moyen-âge des NTICS! En effet, en 1984 ni même en 1996, ni les téléphones dits intelligents, ni l'internet mobile, ni l'internet à domicile, ni les nombreuses solutions logicielles dédiées à tous les domaines de la formation, ni les bibliothèques en ligne n'étaient encore devenus des biens de consommation courante. La situation a aujourd'hui évolué de beaucoup. Partout, on parle de plus en plus de «virage numérique». Ceux qui vont rater ce virage numérique vont être tout simplement dépassés. Il faut intégrer les NTIC dans la formation, en général et, dans la FAD, en particulier.  Ce n'est plus un choix mais, une nécessité.

Autonomie, autodidaxie, auto-apprentissage, autoformation, auto-évaluation, etc. Voilà quelques concepts très en vogue dont la médiatisation serait difficile voire impossible à concrétiser sans les NTIC de nos jours. L'autonomie, qu'est-ce que c'est? Pour certains auteurs comme Marie-Josée Barbot «L'autonomie signifie donc une valorisation de la capacité de chaque sujet de s'autoréguler, d'autocentrer avec des normes les conditions de son apprentissage, de le calibrer selon le mode d'être qui lui est propre et ses nécessités» M-J Barbot, Les auto-apprentissages, page 22 (2000) CLE.

Ces concepts peuvent très difficilement avoir tout leur sens sans l'utilisation des NTICs en général et des technologies  mobiles (moins encombrantes) et dont sont friands nos jeunes, en particulier. Grâce à elles, certains pionniers parlent d'étendre même la classe traditionnelle au delà des limites physiques de la salle de classe parce que, à l'aide de ces technologies, on peut toucher beaucoup plus de monde, en même temps. Luc Renaud, techno-pédagogue et blogueur, est l'un d'eux. Selon lui, les NTICs “libèrent l’étudiant de contraintes d’espace et de temps, elles jouent aussi un rôle essentiel à l’inclusion des personnes handicapées. Les personnes malvoyantes disposent de logiciels de lecture d’écran, comme Jaws, .../...  alors que les personnes tétraplégiques disposent d’une licorne leur donnant droit aux mêmes ressources éducatives qu’à tous”. Source: http://www.lebloguedelucr.com/article-pour-un-regard-moderne-sur-l-autoformation-en-langues-secondes-102515091.html

Pour nous, ces technologies peuvent par exemple remplacer le livre traditionnel, toute une encyclopédie, voire une bibliothèque tout entière (ou une librairie) grâce à leur capacité de stockage quasi sans limite et la possibilité de faire des recherches à critères multiples très précises instantanées accessibles en quelques touches!

Oui! Par rapport au livre traditionnel, Les NTICs mobiles (ou non) nous offrent l'avantage de pouvoir faire des recherches multicritères en un clin d'oeil, d'extraire des passages ou de simplement naviguer plus aisément (marque-page, annotations, mémos, etc.). Elles nous offrent aussi des économies de papier et des systèmes d'imprimerie coûteux et encombrants. La fonction de livre électronique que peuvent contenir ces technologies, à elle seul, justifierait l'investissement car le livre électronique est  beaucoup plus pratique et plus convivial que la version papier mais ce n'est pas tout. Ce type de «livre» peut aussi intégrer et combiner texte, voix, image animée ou fixe, exercices interactifs, etc.

De plus, ces petits appareils viennent avec des dizaines d'outils dont le formateur à distance peut tirer profit. Il y a une «app» pour presque tout: dictionnaire, conjugueur, enregistreur, testeur, loupe, etc. etc... Certaines applications sont très intéressants, d'autres sont juste des gadgets inutiles et chaque jour a son lot de nouveauté tant du côté matériel que de celui du logiciel. Attention donc. Une véritable «veille technologique» s'impose au formateur, pour rester à la page. Cela nécessite une exploration et des tests préalables et, sur une base régulière, pour suivre l'évolution constante et proposer ce qu'il y a de mieux et de moins chers à ses apprenants. Le formateur doit également être à même de distinguer la bonne graine de l'ivraie.  Le formateur? Ou doit-on plutôt parler de formateur version 2.0? Cette question reste ouverte et mérite une étude sérieuse mais revenons à l'existant.

Alors que faire? Tout d'abord, le formateur doit se former lui-même. Sans être un professionnel du sujet, il doit cependant connaître non-seulement les solutions matérielles et logicielles existantes mais aussi, et surtout, celles qui arrivent sur le marché chaque jour qui passe.

En résumé, le présent document se veut être une amorce de recherche de solutions intégrant ou tout du moins, tirant profit de l'utilisation des NTIC mobiles dans la formation en plus d'être une invitation à la réflexion car dans l'histoire de l'humanité, entre la «technologie (7)» et la formation, il y a toujours eu un conditionnement réciproque où le progrès dans un domaine entraîne nécessairement le progrès dans l'autre domaine.

Cela dit, sans plus tarder, passons à quelques applications pratiques des NTIC dans le domaine de la formation en générale, fût-elle en face-à-face ou, à distance.

À suivre....


Hassan A. Aden
hassan.aden@halearningtech.com
http://halearningtech.com
"La technologie au service de l'apprentissage"

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Notes :
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(1). Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dit Gutenberg (on trouve aussi dans des ouvrages anciens l'orthographe francisée Gutemberg1, de même que son prénom est parfois francisé en Jean2), né vers 1400 à Mayence dans le Saint-Empire romain germanique et mort le 3 février 1468 dans sa ville natale, était un imprimeur allemand dont l'invention des caractères métalliques mobiles a été déterminante dans la diffusion des textes et du savoir.
(Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Johannes_Gutenberg)

(2). La pédagogie traditionnelle est celle du modèle transmissif. Selon le triangle pédagogique de Jean Houssaye, cette pédagogie privilégie la relation entre l'enseignant et le savoir. Autrement dit, l'enseignant expose un savoir sous forme de cours magistral, généralement suivi d'exercices ou/et de leçons à apprendre. L'élève doit intégrer et appliquer le savoir exposé par l'enseignant. (extrait de wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9dagogie_traditionnelle)

(3). Le terme média désigne, dans l'acception la plus large, tout moyen de diffusion ou naturel (comme le langage, l'écriture, l'affiche)  ou technique (comme la radio, la télévision, le cinéma, Internet),permettant la communication, soit de façon unilatérale (transmission d'un message), soit de façon multi-latérale par un échange d'informations. Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dia

(4). Pour trouver plus d'informations sur cet auteur et son oeuvre, visiter le lien ci-dessous (Google scholars): http://scholar.google.com/citations?user=CfbYyswAAAAJ&hl=fr

(5). Graviel Solomon cite par Kozma  “ media can be analyzed in terms of their "cognitively relevant" capabilities - i.e., in terms of those characteristics that affect the ways in which individuals represent and process information.”.
Plus d'informations sur Graviel Solomon: http://en.wikipedia.org/wiki/Gavriel_Salomon

(6). Plus dinformations sur "The media debate": http://edutechwiki.unige.ch/en/The_media_debate

(7). Technologie: le mot technologie désigne l'étude des outils et des techniques.Ce terme se réfère à tout ce qui peut être dit à plusieurs périodes historiques particulières, concernant l'état de l'art dans tous les domaines des savoir-faire pratiques et d'utilisation des outils. Il inclut donc l'art, l'artisanat, les métiers, les sciences appliquées et éventuellement les connaissances. Par extension il peut aussi se référer aux systèmes ou méthodes d'organisation qui permettent une telle technologie, ainsi que tous les domaines d'études et les produits qui en résultent. http://fr.wikipedia.org/wiki/Technologie

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