Mohamed Houssein, un jeune djiboutien d'Ottawa m'a transmis le texte suivant qu'il a déjà publié dans Wajib. Avec sa permission, je vous le présente pour que vous le partagiez avec moi.
Chère djiboutianité,
suis-je vraiment à ta portée ?
Par Mohamed Houssein
Depuis l'existence de la république de Djibouti, c'est-à-dire depuis son accession à l'indépendance en 1977, la notion 'djiboutianité ' n'a vraiment jamais eu la place qui aurait dû être la sienne dans l'esprit des djiboutiens. Pourtant, ce vocable à vocation nationale et sociétale devrait prendre ses racines dans notre société dès les premières heures de notre indépendance. Seulement, voilà que le pays est indépendant depuis 30 ans et que la djiboutianité nous fasse toujours défaut. Qu’est ce qui s'est passé alors ? D'où vient le hic ? Qu'est-ce qui a pu empêcher l'émergence de cette valeur nationale et citoyenne ?
Pour essayer de répondre à ces quelques questions, essayons d'abord de nous entendre sur ce que signifie ce vocable. Sans prétendre d'apporter une réponse scientifique et exhaustive à ces questions, j'ose admettre que la djiboutianité constitue ce creuset national où tout citoyen djiboutien doit retrouver ses droits civils, sociaux et professionnels.
En d'autres termes, la djiboutianité doit être analogue au rôle d'un père de famille à laquelle tous les djiboutiens se sentent appartenir sans l'exclusion moindre de l'un ou de l'autre pour des raisons ethniques, tribales, claniques ou raciales. Or la question que la plupart des djiboutiens se posent est la suivante. Suis-je vraiment comblé dans mes droits pour que je puisse adhérer à cette djiboutianité ?
La réponse est malheureusement non, car dès l'avènement de notre indépendance, les jeux ont déjà été faussés. Il y a eu confiscation de notre idéal communautaire dès que nous avons obtenu le drapeau national. A la place les djiboutiens ont eu droit à une espèce de simulacre républicain où l'appartenance ethnique ou tribale a prévalu au détriment d'une république citoyenne. Du coup les djiboutiens se sont éparpillés pour s'affilier à des groupes tribaux pour avoir leurs droits sociaux. Pour mieux servir leurs propres intérêts, nos pseudo dirigeants se sont fait un malin plaisir pour instaurer des cloisons claniques parmi les djiboutiens qui eux aspiraient à un destin commun. D'où le prélude de la trahison vis-à-vis du peuple Djiboutien. Certains djiboutiens se sont vus attribués le label des premiers citoyens, d'autres se sont vus octroyés l'appellation des citoyens de seconde zone. D’autres ont eu même le triste sort de se faire appeler des allogènes, allez savoir pour quelles raisons ?
De ce fait, la djiboutianité a cédé la place à une espèce d'identité bâtarde alimentée par le culte du tribalisme. De nouvelles valeurs ont prospère sous le ciel de ce diktat tribal. C’est la république de la cooptation tribale qui s'installe dans nos moeurs. Désormais le citoyen djiboutien doit brandir le sceau clanique pour faire valoir ses droits dans cette société ; l'idéal républicain disparaissant au profit de l'appartenance clanique. L’individu djiboutien en tant que personne singulière n'est plus respecté. Ses défauts et ses qualités doivent se confondre avec ceux du groupe clanique. Nous avons fini par juger celui-ci à l'aune de son appartenance clanique et non pas ce qu'il est vraiment. Nous enjambons la maison de notre voisin pour aller nous allier avec un lointain individu sous prétexte que nous appartenons à la même moule clanique.
Pour condamner cette république parcellaire et tribale, ne cherchons surtout pas à incriminer les pauvres djiboutiens. Le choix nous a été dicté dès l'avènement de notre indépendance. Pour parvenir à nos droits fondamentaux nous n'avons pas eu d'autres choix que de recourir à nous nous enrôler dans des filières claniques. Nous n'avons aucune raison à chercher à nous culpabiliser. Que faut-il faire maintenant pour éradiquer cette gangrène sociale ?
L'urgence est là et les djiboutiens doivent agir. Il est temps de nous tracer une autre voie pour retrouver nos valeurs d'antan, notre dignité. Peut-être on ne s'en rend pas compte, mais un danger est en train de nous guetter. Ce danger s'appelle Tribalisme et traîne avec lui son cortège des valeurs destructrices. Pour barrer la route à ce fléau national, un préalable s'impose. Les djiboutiens doivent d'abord se parler entre eux et discuter d'une manière responsable et dépassionnée. Un débat franc et honnête doit s'installer entre eux. Un débat dans lequel les djiboutiens admettent les erreurs commises dans le passé et celles qu'il ne faut plus refaire à partir de maintenant.
De ce débat doit émerger un consensus national en vue de nous baliser un idéal commun qui ferra table rase de nos idées reçues sur les uns et les autres. Par exemple, les djiboutiens doivent récuser la république tribale de 1977.Nous devons dire non à une présidence réservée à une tribu. Nous devons refuser une primature réservée à une autre tribu. Nous devons dire non au partage clanique du pouvoir du pays. Bref nous devons exiger une république citoyenne qui traite tous les djiboutiens sur les mêmes pieds d'égalité. Une république qui met en exergue les compétences des chacun et chacune. Les quotas tribaux doivent disparaître au profit de l'égalité de chance pour tous. En ce qui concerne la politique djiboutienne, ceux qui prétendent à la gestion de la cité doivent incarner un projet national et non pas une continuité du système de 1977.
Franchement parlé, nous ne voulons plus d'un T F A.I [territoire français des afars et des issas] bis à l'aube de ce nouveau millénium. Le peuple djiboutien veut voir autre chose que la république avortée de 1977. Celle-ci était basée sur la gestion clanique de la nation. La djiboutianité devra être le fruit d’une gestion collective et nationale de la cité. A défaut de ce pacte républicain ce sera le retour à la case de départ. En attendant, nous sommes tous dans la même situation que GODOT. On ne voit rien venir, mais on ne désespère pas.
BON VENT CHÈRE DJIBOUTIANITE !
Chère djiboutianité,
suis-je vraiment à ta portée ?
Par Mohamed Houssein
Depuis l'existence de la république de Djibouti, c'est-à-dire depuis son accession à l'indépendance en 1977, la notion 'djiboutianité ' n'a vraiment jamais eu la place qui aurait dû être la sienne dans l'esprit des djiboutiens. Pourtant, ce vocable à vocation nationale et sociétale devrait prendre ses racines dans notre société dès les premières heures de notre indépendance. Seulement, voilà que le pays est indépendant depuis 30 ans et que la djiboutianité nous fasse toujours défaut. Qu’est ce qui s'est passé alors ? D'où vient le hic ? Qu'est-ce qui a pu empêcher l'émergence de cette valeur nationale et citoyenne ?
Pour essayer de répondre à ces quelques questions, essayons d'abord de nous entendre sur ce que signifie ce vocable. Sans prétendre d'apporter une réponse scientifique et exhaustive à ces questions, j'ose admettre que la djiboutianité constitue ce creuset national où tout citoyen djiboutien doit retrouver ses droits civils, sociaux et professionnels.
En d'autres termes, la djiboutianité doit être analogue au rôle d'un père de famille à laquelle tous les djiboutiens se sentent appartenir sans l'exclusion moindre de l'un ou de l'autre pour des raisons ethniques, tribales, claniques ou raciales. Or la question que la plupart des djiboutiens se posent est la suivante. Suis-je vraiment comblé dans mes droits pour que je puisse adhérer à cette djiboutianité ?
La réponse est malheureusement non, car dès l'avènement de notre indépendance, les jeux ont déjà été faussés. Il y a eu confiscation de notre idéal communautaire dès que nous avons obtenu le drapeau national. A la place les djiboutiens ont eu droit à une espèce de simulacre républicain où l'appartenance ethnique ou tribale a prévalu au détriment d'une république citoyenne. Du coup les djiboutiens se sont éparpillés pour s'affilier à des groupes tribaux pour avoir leurs droits sociaux. Pour mieux servir leurs propres intérêts, nos pseudo dirigeants se sont fait un malin plaisir pour instaurer des cloisons claniques parmi les djiboutiens qui eux aspiraient à un destin commun. D'où le prélude de la trahison vis-à-vis du peuple Djiboutien. Certains djiboutiens se sont vus attribués le label des premiers citoyens, d'autres se sont vus octroyés l'appellation des citoyens de seconde zone. D’autres ont eu même le triste sort de se faire appeler des allogènes, allez savoir pour quelles raisons ?
De ce fait, la djiboutianité a cédé la place à une espèce d'identité bâtarde alimentée par le culte du tribalisme. De nouvelles valeurs ont prospère sous le ciel de ce diktat tribal. C’est la république de la cooptation tribale qui s'installe dans nos moeurs. Désormais le citoyen djiboutien doit brandir le sceau clanique pour faire valoir ses droits dans cette société ; l'idéal républicain disparaissant au profit de l'appartenance clanique. L’individu djiboutien en tant que personne singulière n'est plus respecté. Ses défauts et ses qualités doivent se confondre avec ceux du groupe clanique. Nous avons fini par juger celui-ci à l'aune de son appartenance clanique et non pas ce qu'il est vraiment. Nous enjambons la maison de notre voisin pour aller nous allier avec un lointain individu sous prétexte que nous appartenons à la même moule clanique.
Pour condamner cette république parcellaire et tribale, ne cherchons surtout pas à incriminer les pauvres djiboutiens. Le choix nous a été dicté dès l'avènement de notre indépendance. Pour parvenir à nos droits fondamentaux nous n'avons pas eu d'autres choix que de recourir à nous nous enrôler dans des filières claniques. Nous n'avons aucune raison à chercher à nous culpabiliser. Que faut-il faire maintenant pour éradiquer cette gangrène sociale ?
L'urgence est là et les djiboutiens doivent agir. Il est temps de nous tracer une autre voie pour retrouver nos valeurs d'antan, notre dignité. Peut-être on ne s'en rend pas compte, mais un danger est en train de nous guetter. Ce danger s'appelle Tribalisme et traîne avec lui son cortège des valeurs destructrices. Pour barrer la route à ce fléau national, un préalable s'impose. Les djiboutiens doivent d'abord se parler entre eux et discuter d'une manière responsable et dépassionnée. Un débat franc et honnête doit s'installer entre eux. Un débat dans lequel les djiboutiens admettent les erreurs commises dans le passé et celles qu'il ne faut plus refaire à partir de maintenant.
De ce débat doit émerger un consensus national en vue de nous baliser un idéal commun qui ferra table rase de nos idées reçues sur les uns et les autres. Par exemple, les djiboutiens doivent récuser la république tribale de 1977.Nous devons dire non à une présidence réservée à une tribu. Nous devons refuser une primature réservée à une autre tribu. Nous devons dire non au partage clanique du pouvoir du pays. Bref nous devons exiger une république citoyenne qui traite tous les djiboutiens sur les mêmes pieds d'égalité. Une république qui met en exergue les compétences des chacun et chacune. Les quotas tribaux doivent disparaître au profit de l'égalité de chance pour tous. En ce qui concerne la politique djiboutienne, ceux qui prétendent à la gestion de la cité doivent incarner un projet national et non pas une continuité du système de 1977.
Franchement parlé, nous ne voulons plus d'un T F A.I [territoire français des afars et des issas] bis à l'aube de ce nouveau millénium. Le peuple djiboutien veut voir autre chose que la république avortée de 1977. Celle-ci était basée sur la gestion clanique de la nation. La djiboutianité devra être le fruit d’une gestion collective et nationale de la cité. A défaut de ce pacte républicain ce sera le retour à la case de départ. En attendant, nous sommes tous dans la même situation que GODOT. On ne voit rien venir, mais on ne désespère pas.
BON VENT CHÈRE DJIBOUTIANITE !
Commentaires
Publier un commentaire