Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, le premier voyage en Afrique noire du premier président noir de l'histoire des États Unis d'Amérique a été loin des habituelles tournées folkloriques des dirigeants des grandes puissances. Il y a du nouveau. Donc de l'espoir car on ne nous avait pas habitué à ce que nous venons de voir.
Tout d'abord, le choix de la destination. Pourquoi le Ghana? Il aurait pu choisir le Kenya, le pays de ses ancêtres. Il aurait pu se faire prendre en photo au milieu d'une foule colorée agitant des centaines de milliers de petites bannières étoilées. Il aurait pu passer une nuit dans le village de la branche africaine de sa famille. Exotisme garanti! Il aurait pu simuler quelques pas de danses masai. Il aurait pu emmener Michelle et les enafnts dans un safari parc avec grand fauves au premier plan et le Kilimanjaro à l'horizon. Il aurait pu clôturer le tout par un somptueux banquet à Nairobi et aurait signé quelques chèques au porteur qui finiraient en grande partie dans des comptes personnels...Voilà quelques bons clichés auxquels on s'attendait concernant Obama et son premier voyage officiel en Afrique. Voilà ce à quoi on nous avait habitué... et que l'on attendait...
Non. M. Obama n'est pas allé au Kenya où sévit une dictature Kikuyu depuis le départ des britanniques. Aller dans ce pays serait cautionner le viol de la constitution perpétré par le régime corrompu de Nairobi. Car, rappelez-vous, les images de la guerre rangée entre les Louos (tribu de M. Obama) et les Kikuyu au pouvoir. Ces images avaient fait le tour de la terre, il n'y a pas très longtemps. Même si la paix civile est restaurée, le problème de fond sommeille et peut se réveiller à tout moment. Alors, M. Obama a choisi d'aller au Ghana simplement parce que ce pays a mis en place des institutions très solides et une bonne gouvernance.
En choisissant ce pays, le président Obama a voulu envoyer un signal fort aux petits dictateurs africains. Désormais, il traitera seulement avec ceux et celles qui mettent en place une démocratie solide et durable. Contrairement à l'habitude, il n'a pas voulu fermer les yeux sur les agissements des dictatures africaines au nom des intérêts sacrés de quelques multinationales de son pays, installées là-bas pour l'extraction des matières premières. Tout laisse croire que le nouveau locataire de la Maison blanche mise sur la durabilité des relations. C'est nouveau. Et tout le monde gagne au change! C'est du win win!
Au plan émotionnel, ce voyage me rappelle celui du président Kennedy à Berlin et sa célèbre formule «ich been ein berliner». M. Obama a lui aussi prononcé un discours mémorable. J'ai personnellement retenu ces quelques mots qui résument bien sa politique africaine. Il a dit «Make no mistake: history is on the side of these brave Africans, and not with those who use coups or change Constitutions to stay in power. Africa doesn't need strongmen, it needs strong institutions.»
En substance, l'histoire ne sera pas du côté de ceux qui fomentent des coups d'état ni du côté de ceux qui changent la constitution pour s'accrocher au pouvoir. Ouf! Il était temps que quelqu'un viennent rappeler à ces hyènes qui gouvernent notre continent, que les temps changent. Un vent nouveau, est-il en train de souffler pour l'Afrique?
Notre IOG doit maintenant se faire des soucis quand vient le moment de renégocier la rente de la base de Douda... Ce signal de Washington devrait l'inciter à réviser ses plans.
Hassan A. Aden
hassan.aden@ncf.ca
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