Passer au contenu principal

Balles, blocus, blessés, (morts?), "bandoo"...

Odeur de poudre, bruit de bottes, tir d'armes à feu, gaz lacrymogène, bouclage de la circulation des biens et des personnes,  quadrillage de la voie publique, torture, citoyens arrêtés en masse, opposants humiliés... "Andibandaa! Budubadaa! Bari soodaa!" Subxaan Allaah! Allah aide notre pays où les gens vivent ces jours-ci dans la peur. AMIIN.

"Andibandaa! Budubadaa! Bari soodaa!". C'est tout ce qui résonne dans mes oreilles cette nuit (25 Fév. 2013, 22:10 à Ottawa et 6:10 à Djibouti). La température de mon sang joue au Yo-Yo. Chaleur extrême, froid arctique... Subxaan Allaah!

"Andibandaa! Budubadaa! Bari soodaa!". En 1967, ce cri ralliement des indépendantistes (contre la brutalité coloniale) terrifiait les uns et revigoraient les autres! Aujourd'hui, à part le premier qu'on peut traduire par "indépendance", et cela malgré ma profession d'enseignant et, le fait que j'ai vécu 6 ans durant avec les GNA, je n'ai toujours rien compris au sens des autres... Mais je sais une chose: quand ces mots retentissaient de nuit comme de jour, à Djibouti, même les "loojaneer" (légionnaires) les plus aguerris paniquaient en tirant dans toutes les directions. Je sais aussi que les mamans serraient bien forts leurs enfants et que les papas, s'ils étaient là, fermaient les portes et souflaient sur la lampe à pétrole, si le soleil était couché...

Ce soir, la température de mon sang joue au Yo-Yo parce que de nos jours, les choses ne sont plus aussi simples qu'au «bon vieux temps.» Aujourd'hui, les pertes appartiennent toutes au même camps: nous. C'est terrifiant!

"Andibandaa! Budubadaa! Bari soodaa!". Dans les années 60-70, nos parents ont pris ce risque fou pour que plus jamais, ne résonne de bruits terrifiants de bottes, de tirs d'armes à feu, de sifflement de gaz lacrymogène... Nos parents ont pris des risques énormes pour que plus jamais, nous, leurs enfants et notre descendance, ne soyons plus jamais terrorisés. D'aucune façon.

Il semble que, intérêt et principal, hélas, leur investissement surhumain n'ait pas fait long feu. Il semble que le 27 juin 1977 n'ait pas mis fin à notre calvaire.  C'est ce que j'ai toujours craint et dénoncé. Et cela semble se profiler à l'horizon.  Puisse Allah faire que je me trompe. Amin!

Je peux me considérer chanceux (ou peut être pas!) car je suis loin de tout ça. Il semble que , cette nuit, je ne pourrais avoir un sommeil tranquille. Mes pensées vont aux blessés et aux oulémas activistes comme les deux Abdourahman. Mes pensés vont aussi aux leaders harcelés et à leurs familles ainsi qu'aux centaines de personnes anonymes arrêtées sans raisons.

Suis-je médium, comme me le demandais ce lecteur anonyme? Non. Non. Et encore non. Puisse faire Allah que je m'inquiète pour rien. Ce ma plus grande prière pour celles et ceux restés au pays.

Hassan A. Aden
hassan.aden@ncf.ca


*** Quelques personnes me disent que la photo qui illustre ce post vient du Puntland. Il semble que non. Le gendarme assis (pour "prendre les aveux" du supplicié) porte bien l'uniforme djiboutien. De toute façon, la torture se pratique de façon banale à Djibouti. Une des dernière victime à en mourir était un jeune "bacadle" torturé jusqu'à la mort. 

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Qui est quoi?

Comme je m'y attendais un peu, mon article sur les autochtones de Djibouti a provoqué une avalanche de réactions. Certaines ont été laissées en commentaires dans le blog lui-même (je vous laisse le soin d'y jeter un coup d'œil) et d'autres m'ont été envoyées directement sous forme de courrier électronique. J'ai même reçu quelques menaces (indirectes). J'ai donc jugé bon de revenir sur le sujet non pas pour changer de cap, mais pour le maintenir! Chers compatriotes, ce qui est bien dommage, c'est que la plupart des réactions proviennent de parfaits anonymes. Ce genre d'attitude me rappelle les «shadirré» , ces tristement célèbres indics qui dénonçaient les leurs aux français pendant les années de la lutte pour l'indépendance, en se cachant derrière un voile noir (shadir). Ceux qui se cachent sont des «shadirré». Rien de moins. Sinon pourquoi cachent-t-ils leurs identités? Pourquoi cachent-t-ils leurs visages et leurs noms? C'est simple. ...

Qui est prêt pour remplacer IOG?

En lisant ici et là l'actualité sur notre pays, en provenance aussi bien du régime que de toutes les oppositions, une question m'est venu à l'esprit : « qui est prêt à remplacer IOG, aujourd'hui? ». Certains souriront. Moi, pas! Voici pourquoi. Chers compatriotes de gré ou de force, un jour, IOG va partir . Rappelez-vous : Menghistu, Syad Barreh, Arap Moi, Hassan Gouled... Ils sont tous partis. D'une manière ou d'une autre. Si M. IOG partait aujourd'hui, qui pourrait le remplacer sans heurt. Sans violence. Sans une autre guerre civile. Sans verser une goutte de sang. Cette question m'a beaucoup cuisiné, tellement la réponse est loin d'être évidente, pour moi en tout cas. Qui est assez rassembleur tout étant crédible? Qui a un passé sans taches? Qui est compétent et honnête, à la fois?.. Qui mérite d'être notre prochain président? Dans notre région troublée, des hommes comme Syad Barreh et Menghistu ont quitté le pouvoir par la porte de servi...

Qui sont les autochtones djiboutiens?

J'ai lu dans un forum de Djibnet les inquiétants échanges entre les membres d'un groupe soit disant militants “autochtones”. Ce que j'ai vu dans ce forum, ne présage rien de bon. Si c'est ça la jeunesse djiboutienne, bonjour la relève... Je présume que ceux et celles (anonymes) qui veulent mettre tous les “allogènes” dehors, sont des jeunes, vu leur vocabulaire et leurs références. Je présume aussi que parmi eux se cachent de moins jeunes qui travaillent pour IOG (et qui ont pour mission de nous diviser)... Alors, j'ai décidé d'arrêter provisoirement ma série “questionnable” pour aborder ce sujet... Alors, chers compatriotes, qui sont les «vrais autochtones» de la république de Djibouti? Il faut être clair et éviter l'amalgame et les demi-vérités. Est-ce qu'il existe une tribu ou un clan 100% autochtone, c'est à dire qui ne vit intégralement, exclusivement et nulle part ailleurs qu'à l'intérieur des frontières actuelles de la RDD et cela ...